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Coupure électricité hiver 2022 : quels sont les risques de panne ?

À l'approche des fêtes de fin d'année, les acteurs de l'énergie en France envisagent des scénarios pour faire face à une pénurie d'électricité.

Depuis plusieurs mois, le prix de l'énergie en Europe s'est envolé, et ce, pour plusieurs raisons : la reprise de l'économie après la crise du covid a entraîné une demande très importante en matières premières et en énergie. Puis, avec la guerre en Ukraine, l'Europe a décidé de diminuer ses importations de gaz et de pétrole russe pour ne plus les financer. La conséquence de ce choix, c'est que les européens doivent désormais remplacer ce fournisseur par d'autres, et que les prix du gaz s'envolent.

Une partie de la production électrique européenne dépend du gaz et du pétrole, notamment en Allemagne. Et en France, la situation n'est guère meilleure puisque plus de la moitié du parc nucléaire est à l'arrêt pour maintenance. Les prix de l'énergie flambent, avec des conséquences directes sur les factures des consommateurs et des risques de coupure d'électricité cet hiver selon certains experts. Le gouvernement se veut quant à lui bien plus rassurant.

Va-t-il y avoir des coupures de courant cet hiver ?

C'est une possibilité très plausible d'après Enedis. Si des coupures devaient avoir lieu, elles seraient au maximum planifiées par Enedis, en charge du réseau et de l'alimentation électrique des foyers et entreprises en France. Il faudra se rendre sur le site Ecowatt : les prévisions indiqueront les secteurs, rue par rue, qui pourraient être touchés par des coupures volontaires visant à soulager le réseau (source).

Un scénario avec des coupures est pris au sérieux par le gouvernement et Enedis, en charge du réseau électrique français. Les travaux de maintenance entrepris sur une partie du parc nucléaire français réduisent considérablement la capacité de production électrique de la France.

La conséquence, c'est que la demande risque d'excéder la production électrique, et qu'il pourrait y avoir des coupures d'électricité. Pour pallier cela, Enedis envisage des scénarios de coupure dans certains endroits, allant jusqu'à deux heures de coupure maximum. Les infrastructures sensibles seraient épargnées : hôpitaux, usines stratégiques, sites de défense et de sécurité, particuliers ayant un traitement médical lourd à domicile...

Sur le plateau de Quotidien en août 2022, la Première ministre Elisabeth Borne se voulait plus rassurante, en affirmant que les coupures de gaz ne toucheraient pas les foyers, mais seulement les entreprises les plus consommatrices.

« Les coupures ne concernent pas les ménages français. Je le dis, elles ne concernent pas les ménages. On ne va pas couper le gaz chez les ménages français. Mais c'est sur nos entreprises, du coup les gros consommateurs, qu'il pourrait y avoir des coupures. Et évidemment, cela aurait des conséquences économiques, sociales. Je pense que personne ne veut ça. Tout ce que l'on peut faire pour réduire volontairement nos consommations, nous préservera d'avoir à faire des coupures l'hiver prochain. »

Mais cet optimisme n'est pas forcément partagé par tous, et particulièrement par des spécialistes du domaine de l'énergie. Interrogé au micro de FranceInfo, le chercheur à Sciences Po Thierry Bros affirme :

- Les coupures sont un risque réel cet hiver ?
- Oui, cela fait des mois que je dis que nous sommes dans une crise énergétique qui est la plus grave que l'ont ait jamais vécue. Quand vous n'avez plus de moyens de production, de capacités résiduelles inemployées, la seule solution c'est la destruction de la demande par la coupure. Ce qu'il faut comprendre c'est que la sobriété énergétique, quand elle n'a pas été mise en place, à la fin on a une destruction de la demande. On va dire aux gens : "On n'a pas fait les investissements donc on ne sait pas vous livrer du gaz ou de l'électricité".

Des coupures épisodiques d'électricité pourraient donc avoir lieu chez les consommateurs, notamment si le parc nucléaire n'est pas rétabli à sa pleine capacité. Mais le gouvernement se veut pour le moment optimiste vis-à-vis des ménages, tant pour l'alimentation en électricité qu'en gaz (source).