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Longtemps je me suis couché de bonne heure : l'incipit de Proust dans À la recherche du temps perdu

Il arrive de se poser des questions de culture générale. D'où vient la phrase « Longtemps je me suis couché de bonne heure » ?

Il arrive que l'on puisse se poser des questions généralistes, touchant à la culture générale. Que le sujet soit abordé au cours d'une discussion, lors d'un repas, ou même d'un jeu télévisé ou d'un devoir dans le cadre scolaire, les questions de culture générale sont très nombreuses.

Ces questions peuvent être historiques, ou être liées à la géographie, à l'art, la littérature, l'architecture... Ici, il s'agit de littérature, avec le livre le plus connu de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. L'incipit de ce livre fait partie des incipits de romans de la littérature française les plus connus, avec peut-être celui de L'étranger d'Albert Camus et celui de Germinal d'Emile Zola.

Quel est l'incipit du livre A la recherche du temps perdu ?

Voici l'incipit, c'est-à-dire les premières phrases de l'ouvrage À la recherche du temps perdu de Marcel Proust :

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n’était plus allumé. Puis elle commençait à me devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d’une existence antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi, j’étais libre de m’y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j’étais bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparaissait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j’entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l’étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine ; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour.

(source)

L'ouvrage A la recherche du temps perdu se découpe en pas moins de 7 tomes :

  1. Du côté de chez Swann (1913)
  2. À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919 : il a reçu le prix Goncourt)
  3. Le Côté de Guermantes (1920-1921)
  4. Sodome et Gomorrhe I et II (1921-1922)
  5. La Prisonnière (posthume 1923)
  6. Albertine disparue (posthume 1925 ; titre original : La Fugitive)
  7. Le Temps retrouvé (posthume 1927)

Chaque tome est par ailleurs découpé en plusieurs parties.

Il existe une multitude de questions de culture générale que les gens sont susceptibles de se poser. Les réponses peuvent être plus ou moins complexes à trouver : c'est pourquoi nous proposons des articles répondant à diverses questions de tous types. Qu'il s'agisse de dates, de personnages, de lieux... Il n'existe aucune question trop bête pour être posée (source).