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Référendum sur les trottinettes à Paris : des influenceurs payés par des entreprises

La mairie de Paris va organiser le 2 avril 2023 un référendum sur l'interdiction des trottinettes électriques. Des tiktokeurs prennent alors leur défense...financés par des opérateurs du secteurs.

C'est une question qui divise à Paris : la maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé de l'organisation d'un référendum afin de consulter les parisiens quant à une éventuelle interdiction des trottinettes électriques.

Craignant de se voir interdites dans la capitale, des acteurs de la location de trottinettes en libre-service ont décidé d'agir : par l'intermédiaire d'influenceurs, ils défendent leurs intérêts sous la forme de contenus sponsorisés. Une pratique qui pose des questions d'éthique, puisque des entreprises usent de la visibilité d'influenceurs dans ce référendum, un vote politique.

Pourquoi des entreprises payent-elles des influenceurs pour peser sur un référendum ?

Les entreprises du marché de la location de trottinette en libre-service comptent bien peser sur les débats autour de la question de l'interdiction ou non de leurs services à Paris. Prévu le 2 avril, ce référendum touchera uniquement les habitants de Paris intra-muros. La question posée aux parisiens est assez simple : « Pour ou contre les trottinettes en libre-service ? ». Si le « Contre » l'emporte, les trottinettes en libre-service seront alors interdites. Précisons que le vote aura lieu dans les mairies d'arrondissement ; comme dans d'autres votes, le vote des jeunes est souvent plus faible, tandis qu'ils sont les plus susceptibles d'utiliser ces services de location. À l'inverse, les plus hostiles sont souvent plus âgés, et donc plus enclins à voter. C'est pourquoi les sociétés du secteur cherchent à mobiliser leur clientèle pour les défendre.

>>> Page de la mairie expliquant le référendum sur les trottinettes électriques <<<

Afin de sensibiliser le public à ce vote dont on parle finalement assez peu, les sociétés du secteur de la location en libre-service ont donc usé d'un stratagème assez habile, mais pour le moins retors : financer des publications d'influenceurs sur TikTok, appelant les jeunes à se mobiliser et à voter contre l'interdiction.

@ethan_berrebi_ Qui le savait ?? Allez voter le 2 avril #sauvetatrott #vote2avril ♬ son original - Ethan Berrebi

@loupernaut Allez voter ce dimanche 2 avril dans la mairie la plus proche de chez vous pour sauver les trottinettes à Paris 🛴 #sauvetatrott #vote2avril ♬ son original - Lou PERNAUT

Comme le rapporte @vincentmnv sur Twitter, certains influenceurs avaient même « omis » (volontairement ou non) de faire figurer la mention Partenariat rémunéré, faisant passer ce message intéressé pour une initiative venant de l'influenceur.

Notons que les trottinettes électriques appartenant à des particuliers ne sont pas concernées par ce référendum.

Depuis leur déploiement progressif et non anticipé par les autorités pendant les années 2010, les trottinettes électriques et les vélos en free floating ont été la cible de nombreuses critiques : louées en libre-service, elles ont longtemps été déposées n'importe où sur les trottoirs, parfois en travers du cheminement piéton. De nombreuses trottinettes et vélos en libre-service ont aussi été jetés dans la Seine ou les canaux par des vandales. La mairie a aménagé ces dernières années des espaces exprès pour ses trottinettes, prélevés sur le stationnement automobile. Mais le mécontentement persiste : par l'intermédiaire de ce référendum, la mairie compte bien trancher une bonne fois pour toutes ce débat.

Aucune entreprise ne figure clairement dans les Tiktoks mentionnés ci-dessus. Mais comme le mentionne toujours @vincentmnv, ces différents influenceurs utilisent les mêmes hashtags, signe que ces publications sont concertées, et émanent vraisemblablement du même client. Alors que la question des partenariats rémunérés avec les influenceurs fait l'objet d'une proposition de loi, cette volonté vraisemblable d'entreprises de peser dans un scrutin public questionne, et va sûrement donner des arguments de plus aux personnes favorables à un encadrement plus strict de la pratique.